mercredi 2 janvier 2008

UNE SI BELLE GUIRLANDE !

L'ADN ME FAIT PENSER A UNE GUIRLANDE DE NOEL. DE NOEL VRAIMENT ?


Je ne crois pas au paradis. En revanche, je sais que l’enfer existe. Il ne se trouve pas dans les entrailles brûlantes de la Terre ; ce n’est pas l’enfer du poète Dante. Il est ici bas, sur le sol ensoleillé de notre belle planète. C’est l’enfer au quotidien des exclus, des pauvres, des sans-abri, des handicapés, des malades, des femmes mal traitées, des victimes de la violence d’autres hommes. À ceux-là, bien sûr, on promet le paradis dans l’au-delà. C’est commode et c’est vieux comme le monde. Souffrez sur Terre, braves gens, patientez, n’enviez pas les riches, les heureux, ne contrariez pas les puissants, vous les retrouverez au ciel et vous serez alors leurs égaux. Votre séjour sur Terre, c’est du provisoire ; la vie éternellement heureuse vous est promise et Dieu tient ses promesses, faites lui confiance et surtout faites-nous confiance ! En attendant, ne réfléchissez pas trop. Regardez plutôt la télévision, instructive et distrayante !

Tant que l’on croyait que Dieu avait créé l’homme à son image, tant que l’on faisait remonter l’âge de la Terre à dix mille ans environ et l’apparition de l’homme à Adam et Eve, les choses étaient simples, pour les croyants du moins. Aujourd’hui tout a changé et la science contredit d’une manière abrupte mais avec sérénité, avec une tranquille assurance, les dogmes religieux établis depuis des siècles. Homo sapiens est apparu il y a sans doute deux cent mille ans et la Terre est vieille de quatre milliards et demi d’années. Comment les religions peuvent-elles s’accommoder de tels bouleversements ? Comment peuvent-elles tout simplement survivre ? C’est un mystère qui trouve peut être une part d’explication dans l’ignorance des uns – la grande majorité – et dans le désir qu’ont les autres de justifier leurs comportements en entretenant au passage cette ignorance des peuples. Mais, bien sûr, cette double hypothèse n’est pas suffisante. Il reste sans doute chez Homo sapiens une part d’irrationnel qui le conduit, par exemple, à placer sur un plan d’égalité la science et les croyances. L’opposition récurrente entre les « évolutionnistes » et les « créationnistes » est assez révélatrice de cette lutte permanente, dans le cerveau d’Homo sapiens, de la raison contre la mystique de la foi. La raison qui ne donne à la vie que le sens de son existence et la foi rassurante qui donne un sens précis à notre propre existence en ce bas monde.

Qu’en est-il de l’ADN ? Cette énorme molécule qui contient toutes les informations nécessaires à la fabrication des êtres vivants, de tous les êtres vivants, donne un sérieux coup de vieux à ceux qui croient encore à la Création par un Dieu tout puissant et à l’imagination débordante. La réalité est à la fois plus simple et plus rassurante à la condition d’admettre l’existence d’un maître d’œuvre neutre et impartial : le hasard. Mais pas le hasard du joueur de dés ; le hasard qui résulte du big bang, celui qui ne peut s’exprimer qu’avec le temps et qui joue non pas avec des dés mais avec des atomes. Ce qui est impossible à l’échelle d’une vie humaine a infiniment plus de chance de se produire sur des millénaires, des millions d’années et encore plus sur quelques milliards d’années.

L’ADN n’est qu’une molécule, mais une molécule complexe et c’est précisément dans cette complexité de la matière que réside le mystère de la vie. Le père Teilhard de Chardin écrivait en 1950, peu de temps avant de mourir, que « la vie est la forme que prend la matière à un certain niveau de complexité ». Pouvait-on mieux résumer la pensée profonde – le dogme ? – de la biologie moderne que par cette formule concise et précise d’un religieux, d’un jésuite ? Pour lui il n’y a pas d’opposition entre la foi catholique et la science. Le tout est de savoir où l’on place Dieu. Il est la conscience suprême, spirituelle, mais il n’est, pour le chercheur jésuite, ni à l’origine de la Terre ni à celle de la vie. C’est, évidemment, encore trop pour les athées, mais cette conception de la foi a au moins le mérite de sauver les apparences de la réflexion, d’accepter les connaissances qui dérangent, de ne pas bafouer la conscience humaine.

Il n’existe aucune molécule comparable à l’ADN dans le monde minéral. Cette complexité est bien la marque de fabrique du vivant ; l’ADN n’est d’ailleurs pas la seule molécule complexe, les protéines n’ont rien à envier sur ce plan de la complexité à leur matrice. L’unité du monde vivant, solidement étayé par toutes ces molécules organiques complexes est, sinon une preuve, du moins un argument très fort en faveur de l’apparition aléatoire de la vie sur la Terre. Rappelez-vous : tous les êtres vivants, des bactéries les plus rudimentaires aux animaux les plus évolués et à l’homme, depuis les virus jusqu’aux végétaux, possèdent le même ADN, avec le même alphabet, le même code. Comment peut-on nier, dans ces conditions, la parenté entre tous les vivants de cette planète et donc leur origine commune ?

Le pape reconnaît aujourd’hui l’ADN comme support « matériel » pour ne pas dire matérialiste – ça n’irait pas avec support – de l’information génétique et les découvertes qui fondent le concept d’évolution, mais il laisse à d’autres, plus « intégristes », le soin d’entretenir le doute. En revanche, l’Eglise n’admet pas que l’hyper complexification de la matière ait pu engendrer la conscience. Encore une bonne occasion de résister pour tous ceux qui ne « croient » ni en Dieu ni à la science car la science n’est pas une croyance, mais un savoir ; savoir qui n’exclut d’ailleurs pas le doute.

Finalement, entre la foi religieuse, qui s’en réfère à Dieu pour pardonner toutes les misères du monde et le tout-ADN des sociobiologistes, par exemple, qui ne croient qu’au déterminisme génétique des comportements humains, il y a comme une affinité objective et troublante. Ces deux conceptions de l’existence sont réductrices de l’humanité ; elles légitiment l’injustice sociale et excluent le libre-arbitre individuel. L’homme n’est plus libre ; il y a, au dessus de lui, le Dieu du ciel pour certains ou le Dieu ADN pour d’autres.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Je constate (à peine) que je me suis trompée d'article :-( (merci de supprimer le précédent)

Je recommence:

"Excellente démonstration. Bravo, René!
C'est très intéressant et en plus, cela a l'avantage insigne de me laisser coite. ;-D"

Julien BEOLETTO a dit…

Très jolie article, bravo :)