lundi 14 mai 2012

LA VIE AILLEURS DANS L'UNIVERS ?


La vie est-elle confinée à ce petit point, minuscule paradis, dans l’immensité désertique de l’Univers ?


Pour répondre à cette question, embarrassante et exaltante à la fois, commençons par raisonner en termes de probabilité. Des galaxies comme la voie lactée, on en compte au moins un milliard, des étoiles comme notre Soleil, plusieurs milliards de milliards. Dans ces conditions, la probabilité pour qu’il existe des planètes semblables à la Terre est donc forcément très élevée. Nous ne sommes qu’au début de cette exploration du cosmos à la recherche d’indices de vie et déjà la liste est longue des exoplanètes détectées ces dernières années. Bien qu’aucune ne semble habitable, il est légitime de s’interroger sur l’existence de la vie sur ces planètes extérieures au système solaire. Aujourd’hui, seules de très grosses planètes, gazeuses pour la plupart, sont repérables avec les moyens dont dispose la recherche astronomique mais le perfectionnement des systèmes d’observation devrait permettre d’affiner ces recherches et de découvrir des planètes plus petites et de nature rocheuse comme la Terre. Compte tenu du fait que les éléments et les molécules sont les mêmes dans tout l’Univers, il est hautement probable que des molécules prébiotiques, comparables à celles que l’on rencontre sur Terre et qui sont à l’origine de l’apparition des acides aminés, les fameuses briques du vivant, puis des molécules organiques complexes, existent sur d’autres planètes qui remplissent les conditions thermodynamiques favorables à la construction d’édifices moléculaires précurseurs des cellules vivantes. Finalement, on peut penser avec raison, que la probabilité est relativement forte que la vie existe, ou ait existé, ailleurs dans l’Univers que sur la planète bleue. Là encore, le facteur « temps » joue un rôle essentiel ; si l’on se réfère à ce qui s’est passé sur Terre en quatre milliards d’années, on peut raisonnablement envisager d’autres vies en d’autres lieux avec des durées plus longues tout en excluant, bien sûr, les premiers temps de l’Univers au cours desquels les conditions physiques n’étaient pas propices à l’apparition de molécules complexes préfigurant la vie.

Une nouvelle discipline scientifique a vu le jour pour répondre à l’attente légitime des hommes à propos de cette question de l’existence d’une vie extraterrestre : il s’agit de l’exobiologie qui s’est fixée pour objectif principal de percer le mystère des origines de la vie non plus seulement sur Terre mais dans l’Univers. Pour y parvenir les scientifiques suivent deux démarches. La première consiste à rechercher des indices sur les autres planètes du système solaire faute de mieux ; ces indices pourraient être des traces d’êtres vivants, des fossiles ou plus modestement des molécules prébiotiques. Mais cette recherche nécessite de gros moyens financiers et technologiques dans le domaine spatial et, à ce jour, aucune avancée significative n’a été enregistrée, malgré les quelques sondes qui explorent notre système solaire depuis 1976 et l’atterrissage réussi de Viking. D’autres projets sont en cours mais il faudra de la patience. La deuxième démarche, plus pragmatique et plus raisonnable, consiste à essayer de synthétiser en laboratoire les molécules fondamentales du vivant à partir de molécules carbonées très simples et d’eau. Cette chimie prébiotique, dont les premiers balbutiements remontent aux années cinquante commence à donner quelques résultats mais, là encore, la patience est de mise.

Alors que sait-on de sûr, à l’heure actuelle, de cette vie extraterrestre ? Premier témoignage à verser au dossier : celui de la nature des molécules analysées sur les différents objets célestes ayant percuté la Terre ou passant dans sa proche banlieue. Des molécules prébiotiques, des acides aminés, des bases azotées, sont présentes dans les météorites et on a même pu en détecter dans les nébuleuses et dans les comètes. Deuxième pièce à conviction : les propriétés physiques surprenantes des acides aminés qui entrent dans la composition des protéines. On connaît, en effet, deux types de molécules d’acides aminés que l’on sait aujourd’hui fabriquer en laboratoire et qui se distinguent par leur comportement vis-à-vis de la lumière : d’une manière que les chimistes trouveront sans aucun doute abusivement simplifiée, on peut dire que certains acides aminés dévient les rayons lumineux vers la droite et d’autres vers la gauche. Les synthèses obtenues en laboratoire donnent des mélanges équilibrés : il y a autant de molécules « droites » que de molécules « gauches », ce qui est conforme à ce que prévoit la chimie organique. Or, et c’est là un problème crucial concernant l’origine de ces briques du vivant, les acides aminés qui entrent dans la composition des protéines sont tous du type « gauche ». Ce constat surprenant a amené les biochimistes à considérer que la structure des molécules de bases de la vie n’a pu leur être imprimée que par un type de lumière qui n’existait pas sur Terre lors de l’apparition des premières microsphères et des cellules les plus primitives. Déjà la sélection naturelle ! Selon le scénario d’une équipe de chercheurs internationale, ces molécules auraient été formées dans l’espace avant même la formation de notre système solaire et auraient contaminé la Terre à la faveur d’impacts de comètes ou de météorites. Pour ces scientifiques, l’origine extraterrestre de ces briques du vivant ne fait aucun doute. La synthèse de molécules organiques semble être un phénomène très courant dans l’espace ; on a recensé à ce jour plus de cent types de molécules organiques comportant entre deux et treize atomes de carbone. Cependant, l’étape qui semble présenter le plus de difficultés est celle qui consiste à passer de petites molécules – les acides aminés, les nucléotides – à des édifices plus grands ; les chimistes parlent de polymérisation des monomères. Plus simplement : comment passer de la perle au collier, du maillon à la chaîne ? Ces réactions d’assemblage nécessitent des conditions très particulières et notamment la présence de certaines molécules qui vont leur servir de guide, de matrice. Les argiles semblent constituer le creuset idéal pour faciliter les rencontres entre molécules. Or, les argiles devaient être abondantes dans les milieux lagunaires de la Terre primitive ; elles sont également présentes sur le sol martien.

Une vieille théorie – la panspermie – expliquait les origines de la vie sur Terre par l’arrivée sur notre planète de formes de vie primitive qui n’auraient plus eu qu’à « se réveiller » après un long sommeil durant leur voyage sidéral à bord des météorites. Aujourd’hui on n’en est plus là, pourtant l’origine extraterrestre de la vie est largement acceptée dans les milieux scientifiques. Bien entendu, ce ne sont pas des organismes complets qui auraient ensemencé la Terre, la guerre des mondes n’a pas eu lieu, mais plutôt des molécules prébiotiques, à partir desquelles les premières cellules se seraient assemblées. De nombreuses études semblent montrer que la principale source de carbone sur Terre proviendrait des micrométéorites. Chaque année, en effet, notre planète recevrait vingt mille tonnes de ces micrométéorites riches en matières carbonées. Or, au tout début de la formation du système solaire, ce bombardement était mille à dix mille fois supérieur à ce qu’il est aujourd’hui. On comprend donc que l’apport en molécules carbonées des micrométéorites est faramineux et peut-être suffisant pour alimenter la biosphère.

L’exobiologie est une science récente confrontée à des difficultés auxquelles elle ne pourra faire face qu’avec l’appui de la recherche spatiale. L’avenir est prometteur même s’il s’annonce semé d’embûches.


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