mardi 25 novembre 2008

MALES EN PERIL !

Des molécules perfides.

On sait depuis 1996 que l'accumulation dans l'environnement de certaines substances polluantes résultant des activités industrielles serait à l'origine de graves perturbations du système hormonal des animaux. Ce problème a pris une telle ampleur qu'il mobilise les chercheurs aux Etats Unis, au Japon et en Europe.
Parmi les troubles observés, nombreux et divers, on peut citer : des poissons qui changent de sexe ; des ovocytes qui se développent dans les testicules ; l'amincissement de la coquille des œufs de certains oiseaux qui met en péril la pérennité de l'espèce ; des métamorphoses atypiques chez des amphibiens occasionnant des développements anormaux ; des troubles du comportement et du système immunitaire de mammifères marins. Chez l'homme, l'augmentation de la fréquence de certaines pathologies, telles que les cancers des testicules, de la prostate et du sein, ainsi que des malformations des organes reproducteurs ou des dérèglements thyroïdiens, pourrait être associée à l'action de ces molécules perturbatrices endocriniennes, même si aucune relation de cause à effet n'a pu être encore établie d’une manière irréfutable à l'heure actuelle.

Quelles sont ces molécules ? Ont-elles été identifiées avec précision ? Sait-on comment elles agissent ? Quelles sont les conséquences à plus ou moins long terme de leur coupable activité sur l'humanité ?
Un premier constat s'impose, hélas, peu rassurant : ces substances sont extrêmement diverses et on en trouve dans toutes sortes de produits industriels, comme les pesticides, certaines peintures techniques, des cosmétiques, des plastiques. Il s'agit essentiellement de métaux lourds, de poly phénols, de phtalates. Inutile de développer ici les propriétés chimiques de ces composés. Il suffit de savoir que leur mode d'action consiste à brouiller le message hormonal. Or, ceci peut être obtenu de différentes manières : en imitant, par exemple, la structure des molécules hormonales, en se fixant sur les récepteurs membranaires qui tapissent la surface des cellules cibles des hormones, en inhibant la synthèse ou, au contraire, la dégradation des hormones. Il n'y a que l'embarras du choix pour ces molécules sournoises, et elles ne s'en privent pas.
Une des difficultés de la détection de ces substances est liée au fait qu'elles agissent à très faible dose, en conformité, d'ailleurs, avec les doses hormonales habituelles. Pour illustrer cette curieuse toxicité, une étude récente montre, chez des mollusques aquatiques exposés à l'une de ces molécules – du bisphénol A, pour ne pas la citer – une hypertrophie des ovaires et une ovogenèse suractivée, lorsque la dose d'exposition est de cent micro grammes par litre. Or, cet effet "féminisant" ne diminue pas avec la diminution de la concentration ; bien au contraire, il est trois fois supérieur avec vingt cinq micro grammes par litre. La relation dose/effet ne suit visiblement pas la variation habituellement constatée en toxicologie classique. Alors, c'est toujours la même question qui revient comme un leitmotiv : que faire ?

Commencer peut-être par établir une liste d'urgence parmi les quatre-vingt dix mille composés synthétisés par l'homme depuis le début de l'ère industrielle et détecter parmi eux les plus activement dangereux de manière à proposer une estimation du risque.
La tâche semble actuellement hors de portée des pays les plus riches, même si, reconnaissons-le bien volontiers – pour une fois – de louables efforts se manifestent ici où là. On comprend aisément qu'il ne s'agit pas seulement d'un problème budgétaire ; les implications techniques et réglementaires sont d'une inextricable complexité. Un consensus existe, semble-t-il, entre les industriels et les associations de protection de l'environnement, à propos de l'urgente nécessité d'avancer dans la mise au point de ces listes de produits testés et de l'évaluation des risques. Cependant, les modalités pour y parvenir font l'objet de débats âpres et, pour le moment, contre productifs, entre les tenants du principe de précaution et les thuriféraires du libéralisme pseudo autorégulé.
Extrait de Devenez écologiste, Presses du Midi

L’information diffusée par les grands médias, télévisuels notamment, est fortement sujette à caution. Alors, tant mieux si ARTE diffuse ce soir, mardi 25 novembre à 21 heures une émission à ne pas manquer. http://www.arte.tv/malesenperil

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